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Une minute
de danse
par jour
Un projet quotidien de performance
de Nadia Vadori-Gauthier

« Et que l'on estime perdue toute journée où l'on n’aura pas dansé au moins une fois. »
(Nietzsche. Ainsi parlait Zarathoustra).
Ce projet quotidien de performance, initié le 14 janvier 2015, est un acte de résistance poétique.

Presse
Contact presse : Olivier Saksik - olivier@elektronlibre.net - 06 73 80 99 23
Le Monde | 17.01.2018 | Rosita Boisseau
Sélection livre : la virgule chorégraphique de Nadia Vadori-Gauthier
Le livre de la danseuse et chercheuse en art, qui s’est assignée depuis 2015 à une minute de danse par jour, interroge ce geste micropolitique et poétique.
Danser une minute chaque jour dans n’importe quel lieu et en toutes saisons pendant mille et un jours consécutifs est le pari affolant tenu par la danseuse et chorégraphe Nadia Vadori-Gauthier. Depuis le 14 janvier 2015, cette performeuse, également chercheuse au sein du Corps collectif, laboratoire artistique et groupe de performance, s’est jetée au milieu de la foule, aux pieds des CRS, dans les rues, les gares et les jardins, sous une fontaine ou dans une piscine, la nuit, le jour, pour y exécuter sa Minute de danse par jour. Filmée, cette virgule chorégraphique était postée dans la foulée, quasiment sans montage, sur Vimeo, Tumblr et le compte Facebook de la chorégraphe.
L’idée s’impose à elle au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo. Nadia Vadori-Gauthier décide de s’assigner « une action quotidienne, petite mais réelle et répétée, qui œuvre pour une poésie en acte, en [se] mettant réellement en jeu, seule ou en relation à d’autres », comme elle le relate dans le livre Danser, résister, conçu sous sa direction. Avec cette performance qui table sur le hasard et la rencontre, qu’il s’agisse d’un handicapé sur son fauteuil, d’un joggeur ou d’une personne âgée dans sa maison de retraite, Nadia Vadori-Gauthier fait de la danse l’étincelle d’un moment magique.
La danseuse évoque la part d’absurdité téméraire et clownesque de ces minutes de danse
Dans le livre, largement illustré de photos de ces minutes égrenées pendant près de trois ans, elle a rassemblé un panel d’analyses et de témoignages de chercheurs et universitaires comme Eric Bonnet, Roland Huesca ou Flore Garcin-Marrou, qui prolongent, en les questionnant, ses actions poétiques et politiques. Avec Marie-Luce Liberge, la danseuse évoque la part d’absurdité téméraire et clownesque de ces minutes de danse, tandis qu’en complicité avec Barbara Glowczewski, spécialiste des Aborigènes, la performeuse pointe la visibilité et l’invisibilité de ses intrusions inopinées dans un environnement urbain. « Je ne cherche pas la performance, ne veux pas me soumettre au spectaculaire, ajoute-t-elle. Je désire juste me glisser dans les interstices du banal pour faire sourdre un peu de poésie. Je me sens un peu comme un sismographe dans un environnement dont je capte les échos. »
L’idée s’impose à elle au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo. Nadia Vadori-Gauthier décide de s’assigner « une action quotidienne, petite mais réelle et répétée, qui œuvre pour une poésie en acte, en [se] mettant réellement en jeu, seule ou en relation à d’autres », comme elle le relate dans le livre Danser, résister, conçu sous sa direction. Avec cette performance qui table sur le hasard et la rencontre, qu’il s’agisse d’un handicapé sur son fauteuil, d’un joggeur ou d’une personne âgée dans sa maison de retraite, Nadia Vadori-Gauthier fait de la danse l’étincelle d’un moment magique.
Dans le livre, largement illustré de photos de ces minutes égrenées pendant près de trois ans, elle a rassemblé un panel d’analyses et de témoignages de chercheurs et universitaires comme Eric Bonnet, Roland Huesca ou Flore Garcin-Marrou, qui prolongent, en les questionnant, ses actions poétiques et politiques. Avec Marie-Luce Liberge, la danseuse évoque la part d’absurdité téméraire et clownesque de ces minutes de danse, tandis qu’en complicité avec Barbara Glowczewski, spécialiste des Aborigènes, la performeuse pointe la visibilité et l’invisibilité de ses intrusions inopinées dans un environnement urbain. « Je ne cherche pas la performance, ne veux pas me soumettre au spectaculaire, ajoute-t-elle. Je désire juste me glisser dans les interstices du banal pour faire sourdre un peu de poésie. Je me sens un peu comme un sismographe dans un environnement dont je capte les échos. »
La Vie | 17.01.2018 | Naly Gérard
Après Charlie, une danseuse urbaine entrée en résistance
Depuis 2015, Nadia Vadori-Gauthier filme de courtes performances chorégraphiques qu’elle poste sur Internet. Elle vient de publier un livre sur son aventure.
Chaque jour, sans exception, Nadia Vadori-Gauthier danse, dans la rue, à la bibliothèque ou au supermarché, sous la pluie ou sous la neige, avec des passants ou seule. Chorégraphe, pédagogue et uni- versitaire, elle a commencé ce rituel après l’attentat contre Charlie Hebdo. Pour célé-brer la force du réel et de la rencontre, combattre les dogmatismes. Un livre, Danser/Résister (Textuel), témoigne d’un engagement artistique au long cours.
LA VIE. Une minute de danse par jour dure depuis le 14 janvier 2015. Pourquoi continuer ?
NADIA VADORI-GAUTHIER. Le soir de l’attentat contre Charlie Hebdo, quand j’ai décidé de faire chaque jour une danse, de la filmer et de la mettre en ligne, je ne savais pas combien de temps j’allais tenir. À la 500e danse, je me suis rendu compte que je faisais l’archive d’une époque. J’ai donc décidé d’aller jusqu’à la 1001e, c’est-à-dire jusqu’au 10 octobre 2017. Mais depuis, je continue. Cette minute de danse s’est installée dans ma vie. Je ne m’impose plus de mettre la vidéo en ligne le jour même avantminuit.J’attendsparfoisplusieurs jours. C’est devenu une pratique régulière, artistique et même spirituelle. Je ne suis pas croyante mais ce moment de relation entière et directe au réel revêt une dimension sacrée : je me connecte à un champ vibratoire commun.
Comment sont accueillies ces milliers de danses dans l’espace public ?
N.V.-G. En général, je danse sans prévenir les passants. Il y a un moment d’incertitude où les gens se demandent ce qui se passe. Souvent, ils ne réagissent pas. Presque toujours, il y a une rencontre. « Goutte à goutte, l’eau finit par transper- cer la pierre », dit le proverbe chinois qui m’a inspirée. Dans un monde qui se dur- cit avec des cloisonnements identitaires,
des préjugés, des failles entre nous qui s’agrandissent, la minute de danse est une goutte d’eau qui permet d’habiter les interstices du quotidien, d’y inviter la douceur,lesilence,lasensation.Elleouvre un espace inattendu de partage. Grâce à elle, j’ai vécu des relations avec des incon- nus, au-delà de leur fonction sociale, de leurs origines, de leur âge. L’espace d’une minute nous avons partagé quelque chose de l’ordre du rêve. J’ai été marquée par une danse avec trois jeunes migrants, par une autre avec des apprentis en métal-lurgie. Chacune est gravée en moi. Je ne vis plus les choses de la même façon. Mon corps est inséparable du monde, comme entrelacé avec lui.
Après les vidéos, vous avez choisi d’immortaliser votre démarche dans un livre. Pourquoi ?
N.V.-G. Le livre est non seulement la trace d’un geste poétique mais une façon
de parler d’enjeux qui me sont chers. C’était nécessaire car les internautes peuvent « consommer » ces vidéos qui paraissent parfois ludiques ou légères, sans comprendre le sens de ma démarche. Je ne cherche pas à réaliser un bel enchaînement mais plutôt à éta-blir une relation avec ce qui m’entoure. Je compose le mouvement instantanément suivant mes états intérieurs et mes sensations.
Selon l’actualité aussi : j’ai dansé par rapport au changement climatique, aux droits des femmes, à l’élection de Trump... Je traduis tout cela dans mon corps, comme un sismographe.
Avec cet ouvrage, je souhaite inviter les lecteurs à partager mes questionne- ments sur le monde dans lequel on veut vivre, sur comment vivre ensemble. Et je prépare un film documentaire sur le projet. Ce que je ferai ensuite je ne le sais pas encore.
© Remy Artiges
Causette | 04.01.2017 | Anna Cuxac
Alors on danse
Face à l’horreur des attentats de janvier 2015, la chorégraphe Nadia Vadori-Gauthier a choisi comme exutoire de danser... danser une minute par jour, en tout lieu et par tous les temps. pour que la danse soit une réponse à ces actes barbares.
Elle s’est laissée tomber avec grâce sur l’asphalte. Ses jambes s’ébrouent dans un collant bleu électrique, et elle tend la main vers un inconnu qui s’est laissé surprendre. L’homme au long manteau sombre hésite, sous le regard sévère de sa femme. Finalement, il saisit la main de la femme à terre et la relève avec un sourire. Elle se remet à danser. Elle invente de nouveaux gestes sans musique, improvise des pas devant les passants de la rue des Francs-Bourgeois, à Paris, jusqu’à ce qu’elle décide que c’est assez pour aujourd’hui. Elle revient vers l’appareil photo posé sur pied qui a tout enregistré et l’éteint. Pour la 671e fois en 671 jours, ce 14 novembre 2016, Nadia Vadori-Gauthier vient d’offrir une danse impromptue aux promeneurs de la rue et aux internautes qui la suivent sur les réseaux sociaux. En reprenant son souffle, elle demande:« Tu as vu ? Il y a une jeune femme qui est passée devant moi et m’a dit : “Je connais votre travail, j’adore, continuez.” » De quoi combler sa journée.
... La suite dans Causette #74.
Le Figaro | 09.01.2017 | Ariane Bavelier
Nadia Vadori-Gauthier, résistante poétique
Son site, Une minute de danse par jour, a été créé, il y a deux ans, au lendemain des attentats. Elle s'y filme quotidiennement en train de danser. Dans des endroits publics ou privés. Sa manière à elle de répondre à la violence.
Que faire? Que puis-je faire, moi, avec mes moyens pour résister à cette barbarie dont les enjeux me dépassent complètement? La question a saisi Nadia Vadori-Gauthier comme elle nous a saisis le 7 janvier 2015, jour des attentats de Charlie. Nadia a mis une semaine à élaborer sa riposte. Le 8, anéantie par la suite des attentats et incapable de faire cours, elle est allée avec ses élèves du Conservatoire du VIIe arrondissement danser quatre heures dans le froid, place de la Concorde. Chacun avait revêtu des tee-shirts à l'effigie des caricaturistes. Puis il y a eu les tueries de l'Hyper Cacher. Le 11, elle est allée marcher avec un million et demi ...
Cet article a été publié dans l'édition du Figaro du 10/01/2017 . 86% reste à lire
800 signes | 19.01.2017 | Araso
La micro-performance a désormais son festival
Depuis Charlie Hebdo, la poétesse du quotidien Nadia Vadori-Gauthier pose sur le monde un filtre rose comme ses cheveux en dansant une minute de vie par jour. Un anniversaire fêté en grande pompe ce samedi à Micadanses en forme d’invitation au bonheur, la plus belle des résistances. La micro-performance pour se souvenir, vivre, aimer, avancer.
Entre deux projections, Nadia invite « des danseurs, des performeurs, mais aussi des amis ». Daniel Larrieu hypnotise du bout de ses éventails, le (très jeune) collectif La Ville en Feu revisite un excellent Sacre du Printemps insolent, Mathieu Patarozzi (impérial sur le dance floor de Thomas Lebrun) chronomètre sa minute et s’en va, Jeanne Alechinsky bouleverse dans une micro-jupe à sequins, Margaux Amoros échappée d’une ville fantôme du far west envoûte la guitare et la voix de Théo Lawrence.
Dans un propos touchant sur la mémoire, ses polaroïds à la main, Nadia reprend sa danse numéro 363 sous la pluie place de la République, le 11 Janvier 2016, de nuit.
Minute après minute, la danse finit par transpercer la pierre.
OBJECTIF GRAND PARIS | 08.07.2016 | Charlotte Fauve
Les 500 danses de Nadia
Elle sautille, roule, virevolte, le Grand Paris en arrière-plan : le temps d’une minute de danse par jour, la chorégraphe Nadia Vadori-Gauthier, d’une réjouissante pirouette anti-morosité, réconcilie internautes et Franciliens avec les lieux de leur quotidien. Loin de la crise et de l’état d’urgence, dansez maintenant !
Un coup de cœur pour le Grand Paris ?
J’aime la diversité de cette ville, de ses espaces, de ses habitants. J’aime beaucoup la couleur, même si l’on ne pense pas forcément à elle lorsqu’on imagine le Grand Paris. La multiplicité de mes danses trouve son sens dans les innombrables endroits que je traverse et les différents rapports qu’elles créent avec les gens, les lieux, leur quotidien, et la couleur en fait partie (...).
Un rêve pour le Grand Paris ?
Que la danse et la musique y soient plus libres : l’état d’urgence ne permet plus les rencontres collectives. Il m’est encore possible d’investir l’espace public car j’y évolue de façon rapide, seule, avec une caméra. Auparavant, j’avais pris l’habitude de danser dehors avec mes élèves, d’y improviser en groupe. C’est de plus en plus difficile aujourd’hui, car nous sommes très vite rejoints par des agents de sécurité, alors que je pense au contraire qu’il faudrait que l’accès aux espaces publics devienne plus simple, qu’ils s’ouvrent à des expériences de partage collectives, de façon à ce que la population puisse davantage se les approprier. (...)
Un jardin secret ?
J’ai un rituel de solitude avec le canal Saint-Martin : je me promène au bord de l’eau, puis je m’installe chez Marcel, un petit restaurent indien, pour manger un dal (plat indien à base de légumineuses, NDLA) végétarien. Cela m’a fait très bizarre lorsque le canal a été vidé, j’y ai même fait une danse, le 23 mars 2016, c’était un beau souvenir. Et, sinon, j’ai récemment découvert l’ancien hôpital de Saint-Vincent-de-Paul, dans le 14e arrondissement : j’y étais allée un peu par hasard, et je suis tombée sur ce village temporaire. C’est assez surprenant, Il y une ambiance bucolique, de grandes tablées où les gens jouent aux cartes, en plein Paris. Cela s’appelle Les Grands Voisins, et je vous conseille vraiment d’y aller !
Le Grand Paris, … en un souvenir ?
Je circule beaucoup en scooter dans Paris. La moindre rue y a son histoire, c’est comme un coffre aux trésors, qui s’ouvre à mesure que le temps passe et que l’espace défile. Ma vie s’y est inscrite en plusieurs endroits mais je garde un souvenir très fort du Pont Neuf, que j’ai connu emballé par Christo, quand j’étais petite : à chaque fois que je vois ce pont, c’est comme si je le voyais empaqueté, le souvenir se superpose à la réalité. C’est une image merveilleuse, qui me pousse à affirmer qu’il n’y a décidément pas assez d’art dans l’espace public. Il faut que l’art contemporain s’ouvre davantage à la rue : les œuvres éphémères ne le sont pas, car elles restent dans les mémoires.
FRANCE INTER REVUE DE PRESSE | 28.04.2016 | Laetitia Gayet
(...) Allez, dans ce concert d'hommes parfois brutaux, la poésie d'une femme pour terminer. Une minute de danse à lire sur 75, le mensuel des curieux de Paris. On a beaucoup parlé de terrorisme et de terroristes. Nadia Vadori-Gauthier fait ce qu'on appelle un acte de résistance poétique et politique pour changer le monde ne serait-ce qu'un instant. Elle danse en silence, dans le bruit de la ville, chaque jour depuis le 14 janvier 2015. C'est tout simplement beau. Hier, elle était passage Richelieu au musée du Louvre. Qui sait où elle sera aujourd'hui?
SOIXANTE-QUINZE | 27.04.2016 | Philippe Schaller
Voyez comme elle danse
Après les attentats. Nadia Vadori-Gauthier offre chaque jour une minute de chorégraphie aux Parisiens et aux internautes. Un acte de résistance poétique et politique pour changer le monde, ne serait-ce qu’un instant.
Elle virevolte, glisse sur l’asphalte, roule dans les flaques d’eau. Les cercles bleus peints au sol sont comme autant de gouttes qui tombent du ciel par cette fin d’après-midi glacial. Mécontente de ses deux premières prises, mal cadrées, la danseuse y retourne pour une troisième séquence, alors que la pluie redouble. Qu’importe, l’artiste s’exécute à nouveau, la jupe et le t-shirt gorgés d’eau. Ce qui la guide, c’est son humeur, « pas très brillante aujourd’hui, comme la météo ». Mais ces motifs bleus l’ont interpellée. Alors elle a décidé d’en faire son décor du jour, le Grand Palais en arrière-plan.
FRANCE INTER 5/7 DU WEEK END | 21.02.2016 | Dorothée Barba
Danser pour résister
TÉLÉREMA SORTIR | 17.02.2016 | Par Aude Raux
Une minute de danse par jour pour ne pas oublier “Charlie”
Depuis les attentats de janvier 2015, Nadia Vadori-Gauthier signe une performance artistique au long cours : chaque jour, elle se filme en train de danser, puis poste le résultat sur son site.
La danse est son essence. A la suite de l'attentat contre Charlie Hebdo, c'est devenu son acte de résistance. Depuis le 14 janvier 2015, Nadia Vadori-Gauthier danse une minute chaque jour. Dans la foulée, elle met en ligne la vidéo de sa performance sur son site, Une Minute de Danse Par Jour. Une minute de poésie que cette artiste arrache au quotidien. Sans mise en scène, costume ou maquillage.
Seulement son corps, qui se met en mouvement et entre en résonance avec ce qui l'entoure : les bruits de la ville, le temps qu'il fait, le mobilier urbain. Et, surtout, les gens : des amis dans un café, des ouvriers dans la rue, une femme voilée sur un banc public.
- “Ensemble, on peut se réinventer”

Certains, gênés, feignent de l'ignorer ; d'autres, charmés, acceptent de se lier. D'une voix douce, elle explique : « Sans la danse, jamais je n'aurais approché tous ces gens. Mais nos inconscients sont entrelacés. Ensemble, on peut se réinventer. »
Parfois, lorsque son corps lui demande un peu de repos, Nadia Vadori-Gauthier, qui enseigne le yoga et donne aussi des cours de performance artistique à l'Université Paris 8, se pose la question : quand mettre fin à ces instants suspendus ? Sans y apporter de réponse. « Je crois au pouvoir de l'infinitésimal dans la répétition. Comme un mantra. Le proverbe chinois ne dit-il pas : Goutte à goutte, l'eau finit par transpercer la pierre? »
La chorégraphe a cependant déjà un peu anticipé la suite : sur sa page Facebook, elle propose désormais à ses fans de prendre le relais, en se filmant à leur tour pendant une minute dansée, et en postant le résultat sur la page. Ou comment créer du lien, encore et toujours.
ARTE/JOURNAL | 7.01.2016 | Par Jérôme Cassou |
Un an après : une minute de danse par jour
FRANCE CULTURE | 7.01.2016 | Par Aude Lavigne |
Les Carnets de la création
LE POINT | 8.01.2016 | Par Baudouin Eschapasse |
Attentats de Paris : la danse par-delà la violence
Le 14 janvier, cela fera un an que Nadia Vadori-Gauthier danse chaque jour en réaction aux attentats de "Charlie". Un film revient sur son projet.
Dans une gare, dans un avion, devant le Bataclan, dans le désert, dans une rivière, sous la pluie, dans le vent, de jour, de nuit... Nadia Vadori-Gauthier danse une minute chaque jour depuis un an. Fondatrice de l'association Le prix de l'essence (preuve s'il en était besoin qu'elle ne se prend pas au sérieux), cette artiste inclassable est convaincue que l'art peut réparer les âmes. N'a-t-elle pas consacré sa thèse de doctorat, au carrefour de la danse, du théâtre et des arts plastiques, aux "processus somatiques de création" ?
Son projet chorégraphique est né "comme une évidence" au lendemain des attentats de Charlie. "Cette idée de danser quotidiennement et de poster ces moments sur le Net m'apparaissait comme une réponse aux violences de janvier 2015", explique cette Franco-Canadienne dont l'accent chantant trahit des origines vénitiennes et hongroises.
La chorégraphe et danseuse a commencé par un solo de danse, en survêtement et bonnet, le 14 janvier 2015 dans la rue, devant chez elle. "Mon intuition était simple. J'envisageais ce projet de performance quotidienne comme une action de résistance poétique", confie-t-elle en souriant. Pour conjurer les attaques contre Charlie, contre les forces de l'ordre mais aussi contre l'Hyper Cacher, elle s'est jetée à corps perdu dans une sorte de journal intime filmé et dansé.
Persuadée, comme Nietzsche, qu'est « perdue toute journée où l'on n'aura pas dansé au moins une fois », convaincue comme le dit le proverbe chinois que « goutte à goutte l'eau finit par traverser la pierre » et « qu'une action même minime peut finir par avoir un grand effet si elle est répétée », elle a tenu bon. Même lorsque les violences ont redoublé dans la capitale, le 13 novembre dernier.
En ville comme ici dans le désert du Nevada, Nadia Vadori-Gauthier se met en scène dans de courtes séquences filmées. © Nadia Vadori-Gauthier
Publiées sur Internet, les courtes vidéos de ses interventions dans les lieux les plus incongrus (fontaines, trains, écoles, manifestation de rue et même colloque d'anthropologie) donnent aujourd'hui lieu à un film, d'une trentaine de minutes, diffusé jusqu'à la semaine prochaine, chaque jour dans un endroit différent et chaque soir dans un montage inédit. Suivies d'échanges avec le public et, parfois, d'une performance, ces projections ont commencé au centre Micadanses, dans le Marais, en présence de l'artiste en résidence, Myriam Gourfink, et à l'université Paris 8 (où Nadia Vadori-Gauthier a été formée), elles se sont poursuivies au Silencio et continueront, dans les jours qui viennent : au Point-Éphémère, au Palais de Tokyo, au Collège des Bernadins et, pour finir, au théâtre de Gennevilliers le 14 janvier prochain.
"La danse est un moyen de communication fabuleux pour rétablir le contact entre les êtres. Or, c'est de cela qu'il s'agissait dès le départ : permettre, grâce à mon moyen d'expression, d'agir à mon niveau pour combler ces failles, ces interstices, ces frontières qui séparent les hommes", analyse la chorégraphe. Nadia Vadori-Gauthier envisage aujourd'hui, avec regret, de devoir un jour cesser de se filmer chaque jour. "Cela me prend trop d'énergie", reconnaît-elle.
Elle examine trois possibilités : continuer de danser mais avec une go-pro pour filmer la manière dont ses gestes sont perçus par son environnement, transmettre le flambeau à d'autres danseurs (ce qu'elle a commencé à faire sur sa page Facebook en invitant les internautes à poster de courtes vidéos personnelles). Ou encore tout arrêter et passer à tout autre chose. Elle n'a pas encore pris sa décision.
En attendant, elle continue de mettre en ligne scrupuleusement, et avec la régularité d'un métronome, ses petits clips. Comme autant de ponctuations apaisantes. Les 359 spots de danse qu'elle a déjà réalisés, avec ou sans musique, sont de toute beauté. Ils constituent des éclats de vie qui sont aussi et surtout des bulles d'oxygène pour supporter la brutalité des temps présents et les tourments du monde. Que Nadia Vadori-Gauthier en soit ici remerciée.
NOUVEL OBSERVATEUR | 13.01.2016 | Par Claire Fleury |
Une minute de danse par jour depuis les attentats de "Charlie Hebdo"
De janvier 2015 à aujourd'hui, la performeuse Nadia Vadori-Gauthier a dansé une minute par jour, en signe de résistance poétique.
Chaque jour pendant un an, Nadia Vadori-Gauthier a dansé une minute. Et dans la foulée elle a posté la vidéo de la performance sur son site. La première fois, c'était en janvier 2015, quelques jours après les attentats de "Charlie Hebdo" et de l'Hyper-Casher à Paris.
Face à l'horreur, la jeune femme veut faire quelque chose pour "ne pas céder à l'anesthésie, la peur ou la pétrification et créer des connexions vivantes". Ce sera sa façon à elle de résister.
Je voulais agir en m'assignant une action quotidienne petite mais réelle et répétée, qui œuvre pour une poésie en acte", explique-t-elle sur son site.
"J'ai pensé à deux phrases, poursuit cette titulaire d'un doctorat en d'esthétique : "Et que l'on estime perdue toute journée où l'on n'aura pas dansé au moins une fois" de Nietzche (in "Ainsi parlait Zarathoustra") et un proverbe chinois : "Goutte à goutte l'eau finit par traverser la pierre"".
La résistance de Vadori-Gauthier à l'horreur des attentats sera donc poétique et passera par son médium de prédilection : le corps. Elle dansera chaque jour sans tenue particulière ni chorégraphie préparée, avec pour décor et fond sonore ceux du lieu où elle se trouve, rue, pont, centre d'art, salle de cours, quai du métro, café… Des centres culturels comme le Palais de Tokyo, le Collège des Bernardins ou le théâtre T2G de Genevilliers (*) l'accueillent dans leurs murs pour danser.
Avec des CRS, des passants..
Dans la danse 272 (272e minute de danse), deux boulangers font une pause-cigarette sur le trottoir. Vadori-Gauthier vient danser à côté d'eux. Ils improvisent alors une petite chorégraphie. Dans la 284, l'artiste est allongée sur les racines d'un cerisier de son jardin qui a dû être arraché. Elle danse avec elles et devient en quelques secondes une partie de l'arbre encore vivant.
Au fil des saisons, Vadori-Gauthier danse sous la pluie, au soleil, de nuit, de jour. Elle enchaîne des mouvements graciles ou malhabiles, légers ou graves, imprégnés de danse contemporaine et de yoga, disciplines qu'elle pratique depuis longtemps, ou de gestes du quotidien, peu importe en fait.
Ce qui compte, c'est le lien qu'elle crée avec ce, et ceux, qui l'entoure. Ces performances n'ont rien à voir avec les vidéos narcissiques et autres selfies qui encombrent internet. L'artiste est au centre de l'image, mais elle est là uniquement pour porter "une présence sensible dans le monde".
Le 14 novembre, lendemain des attentats de Saint-Denis, du Bataclan et des terrasses de l'est parisien, la performeuse bouge à peine. Ses mouvements ralentis sont l'écho poignant de la douleur qui s'est abattue sur nos cœurs. Le jour du rassemblement pour l'environnement durant la COP21, elle danse devant le cordon de CRS, sans ostentation. Ce n'en est que plus drôle.
Aujourd'hui, 13 janvier 2016, Vadori-Gauthier a envoyé son dernier poste, sa danse 365. Elle est dans le métro. Un voyageur attend la rame. Elle lui sourit, mais il reste impassible. Elle danse, il monte dans le train. Elle reste seule sur le quai.
TIME OUT | 13.11.2015 | Par Clothilde Gaillard |
Le pari de cette artiste : danser une minute par jour dans Paris
« Après les attentats de Charlie Hebdo, je me suis sentie impuissante », révèle Nadia Vadori-Gauthier. Le soir même de ce funeste 7 janvier 2015, l’artiste a donc imaginé le projet « une minute de danse par jour ». Soit le pari quotidien de danser 60 secondes dans la rue, un musée ou un camion de livraison afin d’apporter une bouffée d’art dans ce monde à l’atmosphère pesante. Partant d’un précepte chinois selon lequel « goutte à goutte, l’eau finit par traverser la pierre », cette "chercheuse en art" s’est donc astreint, depuis trois cents jours exactement, à cette action de prime abord insignifiante. Mais qui, par son aspect répétitif, pourrait bien éveiller les consciences, tel un acte de résistance poétique. Une sorte d’engagement esthétique. Dans des lieux aussi variés que singuliers, Nadia pose donc sa caméra (en fait un petit appareil photo monté sur un trépied) et se met à danser au milieu des passants. Rien n’est préparé à l’avance, tout n’est qu’une question d’affinités, de spontanéité. Nadia ne se maquille d’ailleurs pas spécialement et porte des vêtements assez ordinaires (si on excepte ses baskets roses à paillettes). Et pour cause : sa minute de danse ne se veut pas spectaculaire. Tout ce que désire cette ballerine pas si banale c’est « vivre une connexion avec les gens, être ensemble différemment ». « Une réaction, même subtile, me fait plaisir », confie Nadia, parlant avec les mains en des gestes gracieux qui trahissent sa pratique de la danse. Ainsi, certains s’arrêtent pour la regarder, d’autres demeurent indifférents malgré sa proximité tandis que, parfois, quelques-uns se joignent à elle. Des rencontres fortuites avec des inconnus comme des éboueurs, des livreurs… et même des gardiens de la paix aux abords du Mémorial de la Shoah. Une communion « infinitésimale », qui rappelle un peu cet esprit unanime du 11 janvier. Pour autant, Nadia n’entend pas initier un mouvement de danse instinctif. « Il est important qu’artistes et penseurs invitent le public, pas forcément à trouver les réponses, mais au moins à se poser des questions », explique-t-elle. Dont cette interrogation : et si, en osant entrer dans sa danse, le monde se mettait à tourner plus rond ? Un an de danse en 40 minutes Imaginé sans limite de temps, le projet « Une minute de danse par jour » durera donc tant que Nadia aura envie de le mener. Cependant, après une année à fouler le pavé et à l’occasion de la commémoration des attentats de janvier, celui-ci fera l’objet d’une rétrospective en début d’année 2016. Une sélection de plus de trois cents jours de danse compilés en quarante minutes qui sera diffusée dans plusieurs lieux culturels de la capitale, du Palais de Tokyo au Micadanses. Ces projections seront suivies de discussions entre Nadia et les spectateurs. Mais aussi avec des invités touchés par cette performance aussi humaine qu’artistique, tels que le chorégraphe Daniel Larrieu, le dessinateur Edmond Baudoin ou encore la danseuse Myriam Gourfink. En perspective, un échange convivial et pertinent, à l’image de celui que nous avons eu avec Nadia Vadori-Gauthier. Avant de partir, celle qui s’affirme paradoxalement « réservée » improvise un ballet sur le boulevard Bonne Nouvelle. Sans musique, elle exécute des mouvements amples et élégants sur le banc où un serveur du café adjacent fume sa cigarette. D’abord méfiant, l’homme finit par baisser sa garde pour se laisser entraîner dans cette chorégraphie silencieuse. Qui se conclut par une étreinte en guise de salut. La preuve que la défense de l’art, danse ou bien dessin, peut unir des gens venant d’horizons totalement différents.
M6 | 10.011.2015 |
La résitance entre dans la danse
DANSER | 23.04.2015 | Par Marjolaine Zurfluh
La 100e minute de danse de Nadia Vadori-Gauthier
« (…) Chaque jour, elle entame donc sa réjouissante minute (ou un peu plus). Les lieux ? Publics, urbains souvent, chantier, laverie, café, file d'attente, rame de métro ou quai, ascenseur, magasin, mais aussi pleine nature, parc, mer, sable, ou torrent. En fait, absolument partout où l'envie la saisit, et vraiment, ça peut la prendre n'importe où. L'inspiration ne manque pas, le désir non plus.
(…) La démarche est généreuse, pleine de vie, et ne joue pas la provocation. Sa simplicité convainc. Nadia Vadori-Gauthier, de sa danse fluide et animale, se glisse et s'enroule entre les éléments présents, les entoure, les escalade franchement. Elle intègre l'environnement à son geste, mêle sa danse au quotidien, au tumulte de la rue, aux actes journaliers, aux habitudes de quartier, interpelle avec connivence l'autre, passant, consommateur ou travailleur, prenant toujours acte de ce qu'il est en train de faire et sans jamais se montrer intrusive, mais semant parfois un certain trouble, vite dispersé par sa sincérité et son sourire communicatif (à moins d'être vraiment ronchon, difficile de résister) qui témoigne de son plaisir à danser et à partager.Certains d'ailleurs l'accompagnent pour un petit moment de danse … »
LE CLUB DE MEDIAPART | 25.04.2015 | Par Mouloud Akkouche
« Une minute de danse par jour depuis les attentats du mois de janvier. Quel beau pied de nez à la barbarie ! (…)
Quelques pas de danse comme une manif quotidienne. Un éclat de lumière, jour après jour. Rappeler encore et encore que la Création et la Culture perdurent. Sans Création ni Culture décalées, la vie serait bien morose. (…). »
LE MONDE | 23.04.2015 | Par Rosita Boisseau |
Une minute danse par jour comme remède à la crise
« Depuis le 14 janvier, Nadia Vadori-Gauthier a lancé sur Internet sa Minute de danse par jour, une vidéo légère et rapide comme un éclat de rire arraché au speed quotidien. Cette riposte de survie dans un monde qui serre la vis et le budget aux artistes, tout en jetant l’humain avec l’eau du bain, fête, jeudi 23 avril, sa centième (…). Le dispositif de ces virgules multicolores est simple et modeste : Nadia Vadori-Gauthier choisit un spot en extérieur ou en intérieur, pose sa caméra et performe top chrono pendant une minute et quelques. (…) Du Palais de Tokyo à Paris, aux rues de Montreuil, d’un Lavomatic à une animalerie, d’un torrent à un parterre de jonquilles, Nadia Vadori-Gauthier s’incruste dans le réel dont elle incorpore avec spontanéité tous les éléments. Il faut la voir se gondoler comme le tapis qu’une dame secoue par la fenêtre, réagir au rire énorme d’un passant... « Je ne cherche pas la performance, ne veux pas me soumettre au spectaculaire, ajoute-t-elle. Je désire juste me glisser dans les interstices du banal pour faire sourdre un peu de poésie. Je me sens un peu comme un sismographe dans un environnement dont je capte les échos. » C’est après les attentats à Charlie Hebdo que Nadia Vadori-Gauthier a conçu Une minute de danse par jour. « Je voulais m’assigner une action quotidienne, petite, mais réelle et répétée, qui donne du sens à mon parcours d’artiste, précise-t-elle. Face au durcissement du monde devant lequel je me sens minuscule, je me suis demandé ce que je pouvais faire. Rien, ou alors me mettre en jeu à ma mesure, petite, en œuvrant pour une poésie vivante. » De cette astreinte, pas loin de l’hygiène de vie ou du bol d’oxygène, Nadia Vadori-Gauthier remarque qu’elle exige beaucoup d’elle-même. « C’est un engagement minimal mais radical. Je suis quelqu’un de réservé et il faut vraiment que j’y aille, comme on dit, chaque jour, ce qui n’est pas rien. » A la tête de son association Le prix de l’essence depuis 2008, Nadia Vadori- Gauthier se consacre à un laboratoire de recherche collective, des performances, des ateliers et ses études. Après cinq ans à l’université Paris-VIII, elle vient de terminer une thèse au carrefour de la danse, du théâtre et des arts plastiques sur « Les processus somatiques de création ». Son mantra est une formule chinoise : « Goutte à goutte, l’eau transperce la pierre. »
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